Publié le 7 Décembre 2022
Pierre & Vacances Center Parc (PVCP), comme tout le secteur touristique, a subi un véritable tsunami ces 2 dernières années avec la crise Covid. Cette période va laisser des traces très profondes.
La situation catastrophique de PVCP a imposé une recapitalisation, sorte de remède de cheval qui, comme pour toute maladie, ne suffira absolument pas à redonner une santé pérenne au malade.
Toute société subissant une restructuration très forte est contrainte de diminuer son périmètre d’activités, c'est-à-dire d’abandonner certaines activités pour retrouver une santé financière suffisante, de réorganiser et de réduire ses coûts dans les secteurs sur lesquels sera basée son activité dans le futur.
Aucune des marques de PVCP n’est à l’abri de nouvelles mesures douloureuses pouvant intervenir.
Vous trouverez ci-joint un article paru sur Linkedin qui résume bien cette situation.
De nombreux villages petits ou grands comme CAP ESTEREL ne correspondent plus aux plans du groupe, ce qui doit alerter tous les propriétaires encore en bail.
Pour conserver la valeur de notre patrimoine il faut envisager les prochaines années avec P&V comme partenaire minoritaire.
Le Bureau du 3C
Autres infos sur le groupe :
- une grande partie de la comptabilité va être délocalisée à l'ile Maurice, avec suppression de nombreux postes au siège.
- Sylvain Leroy, ancien directeur P&V de CAP ESTEREL vient de démissionner du groupe.
Après des résultats annuels en nette amélioration, le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs est-il définitivement sorti des ronces ?
2 mois après la prise de contrôle du Groupe Pierre & Vacances Center Parcs (PVCP) par 3 de ses créanciers (Alcentra, Atream et Fidera), les résultats annuels de l’exercice clos au 30 septembre 2022 viennent d’être présentés par Franck Gervais, Directeur Général.
Ces résultats et leurs commentaires étaient attendus avec impatience pour tirer un trait définitif sur une décennie d’exercices déficitaires et faire un point sur l’avancement de la nouvelle stratégie.
Que retenir du communiqué du 1er décembre 2022 sur les résultats de l’exercice 2021/2022 et que faut-il lire entre les lignes ?
Voici les 3 phrases essentielles du communiqué :
« Performances opérationnelles 2021/2022 supérieures à celles d’avant-crise et aux dernières prévisions communiquées le 2 août 2022.
Opérations de restructuration capitalistique et financière finalisées.
Plan stratégique Réinvention : une première année d’exécution avec des résultats tangibles. »
Qu’en pense la presse économique ?
Le Figaro (Mathilde Visseyrias) : « Restructuré, Pierre & Vacances Center Parcs monte en gamme. Le leader européen des résidences de tourisme, propriétaire de Center Parcs, augmente ses prix et ses marges »
Les Echos (Yann Duvert ): » Pierre & Vacances et Center Parcs revigorés par l’année faste du tourisme français ».
Pour juger l’évolution de la situation, les améliorations réelles et l’étendue des chantiers à réaliser, il faut mettre en parallèle les résultats 2022 avec ceux de 2019. Le ROC (Résultat opérationnel courant) permet de comparer des choses comparables car il prend en compte la seule exploitation des sites sans intégrer les frais financiers ni ceux de la restructuration financière qui fut une complexe et délicate opération de sauvetage.
Le ROC est passé de 31 millions en 2019 à 98 millions en 2022 alors qu’il était encore négatif de 35 millions au 1er semestre 2022. Amélioration sensible due à une excellente période estivale, à une hausse des prix et à la montée en puissance du concept Center Parcs, en phase avec la demande de la clientèle. La première condition de survie du Groupe est atteinte : sa capacité à générer rapidement de la trésorerie.
Ceci dit, plusieurs questions restent en suspens et vont demander des décisions importantes dans les mois qui viennent. Pour redonner confiance aux équipes, pour innover en matière de transition énergétique, pour faire en quelques mois le travail de plusieurs années et maximiser les effets que ce Groupe peut tirer d’un de ses atouts clés : l’implication de ses équipes de terrain et l’agilité managériale d’une structure récente comme Maeva.com. Issue d’une coquille vide et donc sans avoir à porter le poids de l’héritage du passé, Maeva.com avance vite, s’adapte aux conditions du marché et prend des parcs de marché significatives. Une belle réussite que PVCP peut dupliquer en interne pour « faire une trace » comme un guide le fait en montagne pour ses clients. Sans se préoccuper d’un passé révolu.
Le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs s’apparente en décembre 2022 à un malade à peine sorti du service de réanimation dans lequel il était plongé depuis plus d’un an. Mais pas sorti d’affaire pour autant. Plusieurs opérations chirurgicales l’attendent prochainement. Ce n’est qu’après que commencera la convalescence et le retour espéré à une bonne santé durable. Cela prendra du temps, à condition que les conditions sanitaires en Europe restent celles d’aujourd’hui.
Quelles sont ces opérations ?
✅ 1° La transformation de la relation avec les propriétaires bailleurs :
Il va falloir solder les erreurs du passé qui ont laissé des meurtrissures profondes. Dans les chiffres mais aussi dans les têtes des propriétaires bailleurs qui possèdent l’outil de travail du Groupe. A savoir l’immobilier du Groupe. Les appartements, maisons, cottages exploités par le Groupe à la mer, à la montagne, en ville et dans les Center Parcs appartiennent à des propriétaires particuliers qui ont subi depuis 15 ans une relation arrogante et brutale. Franck GERVAIS, Directeur général du Groupe, fixe comme l’une de ses 5 priorités stratégiques « la transformation de la relation bailleurs ». Déclaration d’intention opportune. Il faudra maintenant suivre la transformation de cet objectif en réalité sur le terrain. Le management sera aussi jugé par les propriétaires bailleurs Center Parcs sur sa capacité à organiser efficacement le marché de la revente des cottages Center Parcs. Cette difficulté à revendre date d’une dizaine d’années. Sur ce sujet comme sur tant d’autres, le management précédent avait fait la politique de l’autruche. A la nouvelle équipe de démontrer qu’elle est capable de poser correctement un problème, d’en étudier toutes les solutions possibles, de choisir la bonne et de la mettre rapidement en application.
✅ 2° La sortie de l’exploitation des résidences durablement déficitaires.
Peu ou pas de choses dans le communiqué sur ce sujet. Où en sont les discussions sur la centaine de sites à la mer et à la montagne dont PVCP veut sortir de la gestion le plus rapidement possible pour arrêter l’hémorragie des pertes ? Cela signifie t’il que la cession de l’exploitation de ces résidences à des tiers est impossible actuellement tant les chiffres, résidence par résidence, sont mauvais ? Probable. Les pertes financières de cette centaine de résidences doivent s’élever à plusieurs dizaines de millions par an.
Les responsables locaux des résidences connaissent leurs résidences par cœur tout comme les attentes de leurs clientèles. Ils ont été bridés pendant des années dans leur gestion locale par des consignes d’un management incompétent. Supprimer le management intermédiaire sans valeur ajoutée et donner de l’autonomie aux responsables locaux dans leur gestion donneraient des résultats rapides. Prenons l’exemple des résidences d’affaires Adagio. Lorsqu’il y a, dans cette société, une succession aussi importante de DRH en 10 ans, c’est que le malaise est profond et que la poussière a été mise sous le tapis depuis une éternité. Un nouveau directeur général, Xavier Desaulles, au CV impressionnant, est arrivé chez Adagio en début d’année. Adagio, société qui fête ses 15 ans en 2022, a souffert de la gestion PVCP depuis sa naissance. Adagio s’est « PVisé » si vous me permettez le néologisme. A quand la cession des 50 % de la joint-venture à Accor qui possède l’autre moitié ? Cela permettrait à cette pépite de prendre définitivement son envol.
✅ 3°) Villages Nature :
Ce complexe bâti près d’Eurodisney semble être un sujet tabou. Depuis le début de cette aventure, dans les années 2010, tout fut compliqué entre PVCP et Eurodisney. Le divorce est aujourd’hui consommé puisque Eurodisney sort de la joint-venture à 50/50 créée au démarrage du projet. Quel est le taux d’occupation de ce site, quelles pertes d’exploitation et quelles solutions sont envisagées ? Quelles conséquences financières aura pour PVCP l’intégration à 100 % du périmètre Villages Nature à partir du 15 décembre 2022 ? Pourquoi un tel accident industriel sur un site qui jouxte la première destination touristique d’Europe ? C’est incompréhensible.
✅ 4°) Décider de l’avenir de la marque SENIORIALES :
Le Groupe dit depuis des années vouloir se désengager de ce marché des résidences seniors qui n’a pas de lien avec l’activité touristique de PVCP. C’est effectivement un actif non stratégique pour PVCP. Mais pourquoi est-ce si long d’arriver à un accord avec l’un des postulants à la reprise ?
Après la vente des Sénioriales, une véritable autonomie donnée à Adagio, la sélection des résidences à la mer et à la montagne, viendrait alors le temps de la consolidation du nouveau business model du Groupe. Il y a eu récemment un rapprochement entre les deux principales structures concurrentes de Center Parcs en Europe du nord : Roompot et Greenparks qui réalisent plus de 850 millions de chiffre d’affaires. L’avenir de Center Parcs passe t’il par un regroupement avec ces marques ?
La vente de Center Parcs avec une belle plus-value est un des scénarios possibles. Ce n’est pas celui mis en avant par le management actuel dans ses déclarations d’intention mais cette phrase de Scopenhauer peut devenir d'actualité : « Toute vérité franchit 3 étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite elle subit une forte opposition. Puis elle est considérée comme ayant toujours été une évidence ».
On l’a compris.
Les 3 nouveaux actionnaires et la nouvelle équipe mise en place engagent une course contre la montre pour transformer rapidement ce Groupe, générer du cash et concrétiser le Plan Réinvention 2025 dans un contexte économique et sanitaire incertain. Cela passe par un langage de vérité à tenir à la fois aux salariés et avec les propriétaires bailleurs. Avec des sacrifices mutuels à accepter par les uns et les autres, certainement difficiles à entendre pour certains, mais indispensables pour que ce Groupe retrouve enfin la maîtrise de son destin.
Emmanuel DUMESNIL